duminică, 16 mai 2010

Concursul „Laudă semințelor” - LYCEUM, anul XIV, nr. 2 (54), aprilie-mai 2010


1.Premiați la Concursul Național LUCIAN BLAGA
„Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor”,
ediția a V-a, Sebeș-Alba, 6-8 mai 2010


Ne-am gândit să participăm și în acest an la concursul „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor!”, inițiat de Casa Corpului Didactic Alba și de Inspectoratul Școlar Alba. Ne-am înscris la secțiunea traduceri în limba franceză – profesori (Doina Dobrean) și elevi (Mîndru Teodora și Andrei-Șerban Tompea) și la secțiunea arte plastice (Cosmina Oltean). Ne-am bucurat când am aflat că lucrările a trei dintre noi au fost alese pentru a reprezenta județul Harghita la faza națională. Bucuria a fost deplina când a venit vestea că toate lucrările noastre au fost premiate: premiul al II-lea pentru traduceri – elevi s-a acordat elevei Teodora Mîndru; premiul al II-lea la secțiunea arte plastice – elevi s-a acordat elevei Cosmina Oltean și premiul al III-lea pentru traduceri – profesori s-a acordat d-nei Doina Dobrean.Bucuria a fost deplina când ni s-a făcut invitația de a participa la activitățile organizate cu ocazia Festivalului Internațional Lucian Blaga, ediția a XXX-a, la Sebeș -Alba și la Lancrăm.
„Călătoria până acolo a fost plăcută, iar timpul a trecut repede. Am fost surprinsă de tot ceea ce s-a întâmplat în acele zile (6-8 mai 2010), în primul rând de căldura, prietenia și ospitalitatea cu care am fost primite și găzduite. M-am simțit răsfățată și mi-a făcut plăcere să cunosc oameni minunați. Poți avea atâtea beneficii când ești câștigător! După tot ceea ce am văzut și am trăit, mi-am dat seama că mai am mult de evoluat și că pot ajunge mai sus decât locul al II-lea. Vreau să ajung sus, cât mai sus, prin propriile mele forțe.
Laudele, aprecierile și felicitările primite m-au făcut să mă gândesc la următorul lucru: Pot mai mult.”
(Cosmina)
În ziua de vineri, 7 mai, ne-am prezentat cu punctualitate acasă la Lucian Blaga. Aici am vizitat casa Memorială „Lucian Blaga” din Lancrăm, am asistat la deschiderea celei de-a XXX-a ediții a Festivalului Internațional „Lucian Blaga”, apoi la simpozionul „Idei în amfiteatru: Lucian Blaga – valențe europene ale diplomației românești”, realizat de membrii Fundației Europene „Nicolae Titulescu” din București. A fost prezentată activitatea diplomatică a lui Lucian Blaga în unele capitale europene: Varșovia, Praga și Lisabona, apoi prietenia diplomatului cu Nicolae Titulescu.
În după-amiaza aceleiași zile am fost prezente la vernisajul expoziției de arte textile- „Traseele memoriei -, amenajată în Turnul Rotund al Cetății, a artistei plastice din Cluj-Napoca, originară din Sebeș-Alba, Ana-Raveca Brânzași. La Centrul Cultural „Lucian Blaga” din Sebeș am admirat expoziția de pictură a pictorilor sebeșeni, apoi am participat la o prezentare de cărți apărute recent: „Solstițiul Sânzienelor”, o carte de investigație critică și eseistică a lui Zenovie Cârlugea, cuprinzând documente reale, mărturisiri, poezii de iubire ale lui Lucian Blaga, reprezentând cele cinci povești de iubire ale poetului; „Spațiul mioritic”, de Lucian Blaga, carte editată în 2010 la Editura Ardealul, condusă de Eugeniu Nistor. Aflăm că aceeași editură din Târgu-Mureș a publicat în 2009 volumul de aforisme al lui Lucian Blaga „Discobolul” (1945) și a adunat într-un volum cele opt numere ale revistei „Saeculum”, scoasă de Lucian Blaga în anii 1943-1944. Tot acum a fost prezentată cartea „Roadele cetății”, volum colectiv al creatorilor din Sebeș, de vârste și profesiuni diferite.
Ne-am entuziasmat în cele din urmă de un complex spectacol de muzică și poezie, susținut de studenți sibieni, de cenaclul literar „Lucian Blaga” și de formația de muzică folk din Sebeș. În această atmosferă sărbătorească au fost premiați căștigătorii concursului național „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor!”

La chronique et le chant des âges

Après avoir fait détour continuellement de l’itinéraire prévu, aux plusieurs méandres, dans les régions entre Tisse et Danube, où je n’étais jamais allé, je suis arrivé dans un nuit, à une heure environ, à Budapest, dans une quelque gare. Pour pouvoir continuer mon chemin à Vienne, je devais passer à la Gare de l’Est. Mais devant la gare pas de voiture, pas de taxi. Il est arrivé que je puisse monter dans un camion aux légumes qui passait aussi dans son chemin auprès de cette gare où je devais arriver. Il n’y avait pas d’autres possibilités de circulation. J’ai parcouru en plein nuit des rues et des boulevards. Par ci, par là je voyais passer les patrouilles roumaines, en deux files à dix soldats, de travers de la rue. C’était même un mois depuis l’occupation de la Budapest. J’étais assis en camion sur un tas de carottes et je regardais ce spectacle nocturne d’un sentiment où on se mêlait en formes incertaines beaucoup d’histoire, un peu d’astronomie et beaucoup de confusion. Je voyais en haut du ciel la Grande Ourse et en bas les soldats roumains patrouiller. Où étais-je ? A Budapest et en univers.
Dans la gare d’est j’ai attendu jusqu’à six heures du matin, quand le train partait pour Vienne. A Komoron, un étendard flottait au-dessus du quai ; c’était un étendard roumain. Les quelques soldats qui montaient la garde étaient des soldats roumains. A Györ – des soldats roumains en gare. Dans la dernière station hongroise – autrichienne – un officier et quelques soldats roumains.
A Vienne j’ai descendu à un hôtel pas loin de l’Université. C’était un après-midi chaud, de septembre. Je me repose un peu. Vers le soir je vais doucement vers l’ancienne demeure de Cornelia. Comme m’était familier l’air de ces ruelles ! Comme savais-je chaque coin de maison. Voilà j’arrive. Je monte les escaliers. Je suis au seuil de la porte. Je sonne. Il ne serait pas exclus que la porte soit ouverte par elle-même. Mon cœur palpite fortement. J’attends des pas en vestibule. La porte s’ouvre. C’est l’ancienne hôtesse de Cornelia. Elle me reconnaît. Je m’intéresse de Mademoiselle Cornelia B. « Ah, je ne sais rien depuis son départ il y a six mois à Paris. » - a-t-elle répondu. « N’avez-vous pas reçu aucun annonce qu’elle va arriver pour Vienne ? » - demande-je. « Non ! »
Je descends doucement les marches. L’espérance de trouver une lettre à l’Université me stimule à y passer. Elle est encore ouverte. Je regarde le panneau aux lettres à la lettre B. Rien. Je regarde à la lettre L. Rien.
Déçu et troublé d’un pressentiment aigu de solitude et d’abandon je reviens à l’hôtel. Je ne désirais pas que dormir, car cette arrivée hallucinante à Vienne n’était pas de bon augure.
Je n’ai pas dormi la nuit entière. Bien que je fusse après d’autres deux nuits sans sommeil. Mais combien d’autres nuits ne passeront-elles pas auprès de mon oreille et de ma pensée éveillée, aux signaux tardifs de trains qui n’apporteront personne en ville ?
Je suis venu à Vienne. Que cherchais-je là ? Qu’est-ce que je cherchais notamment pendant ces jours au début de septembre ? Aucun d’entre les étudiants qui devaient venir de tant d’autres parties n’y est encore, car les inscriptions commencent seulement le 7 octobre. Je suis arrivé. J’ai fait mon apparition dans cette ville parce que dans une lettre que je reçus il y a quatre semaines un mot me disait d’un début de septembre. Je n’avais rien à faire là. Tout au plus d’attendre. Attendre en comptant les minutes, les heures, les nuits, les semaines. Et pendant les semaines passer tous les jours à l’Université, deux fois par jour. Mais sans jamais trouver une nouvelle pour moi, de nulle part. C’est seulement ce mot sur un début de septembre qui me brûle sous le front, de plus en plus torturant, le mot sans conséquences ! Que je commence pourtant quelque chose ! Travailler à l’Université. Mais l’Université ne me fait pas bien. Notamment les colonnades intérieures me font du mal et la figure blanche en marbre de l’Alma Mater, près de laquelle le passé reçoit une acuité plus forte que le souvenir. Et, pourtant, ce sont les places que je cherche exprès. Un jour, après deux semaines d’attente, j’entrerai aussi dans la Bibliothèque de l’Université. J’occuperai la place où j’ai été assis, il y a trois ans, quand j’ai vu Cornelia pour la première fois, entrant en bibliothèque. Je la regardais attendant à la file se libérer une place à l’une des tables de lecture. Dans quelques instants, la ligne de la vie va commencer à brûler. Comme attendait-elle devant moi cet être non terrestre ! Et comme est-elle vive maintenant son image de créole fine, d’une noble pâleur ! Elle s’inscrivait à la Médecine, mais elle n’avait rien de l’air d’une étudiante. Elle venait là pour lire un roman de Dostoievski. Ou pour accomplir (faire) son destin. L’air de cette salle de lecture est le même que ce moment-là. Et il sera le même dans un siècle aussi. Les visiteurs occupent leurs places comme autrefois. Les gens de peine sont les mêmes et ils se déplacent aussi lentement pour qu’ils ne troublent les pensées de personne. Mais Cornelia n’est pas là. Elle doit entrer en chaque instant. Il est impossible qu’elle n’entre pas. J’entends la porte d’entrée, avec le même son de mouvement circulaire d’un ail fixé en ressorts. Je lève la tête. Ce n’est pas elle. Je ne supporte plus cette salle avec tous se détails entourant la substance absente. Et je sors étourdi sur le Ring.
Une semaine passe encore. Dès quelques jours on pouvait télégraphier à Paris. J’attends une semaine. Aucune réponse de Paris. Je relis quelques fois sa lettre : oui, c’est clair : « au début de septembre je reviens à Vienne où j’espère te voir… » Le début de septembre était déjà loin. J’essaie m’expliquer son retard m’imaginant les explications les plus fantaisistes. Seulement l’une a l’éco en moi : Cornelia ne vient plus à Vienne. Si je rencontre au moins quelqu’un, une personne connue, pour changer un mot ! Mais non, en fait je ne désire rencontrer personne.
Des frissons d’octobre et une pluie fine, drue comme la toile. L’Université se peuple. Les feuilles jaunissent aux parcs. On finissait une saison ou une époque ?
Le 7 octobre je passe, comme tous les jours, à l’Université. Je vois mon nom sur le tableau aux lettres. C’est, sans doute, une lettre de chez moi. Ma mère suppose bien ma tourmente intérieure et m’écrit probablement de rentrer. Mon cœur palpite si fortement que j’ai mal aux cordes vocales privées d’exercices les cinq – six semaines dès que je suis arrivé à Vienne.
Le concierge me donne une carte postale avec quelques lignes de Cornelia : « Je suis arrivée. On se rencontre demain à 10 heures en bibliothèque. » Elle est arrivée. Elle est à Vienne ! Mais elle ne m’indique aucune adresse.
Le lendemain à 10 heures je vais à la bibliothèque. Je cherche. Cornelia n’est pas encore arrivée. Je descends sous colonnades. C’est par là qu’elle doit sans doute passer quand elle viendra, car il n’y a pas une autre entrée. Je m’arrête.
Je regarde sans intérêt un buste en marbre. Je m’en vais de nouveau. Je vois à l’autre bout, assez lointain, une demoiselle. D’après ses mouvements, il faut qu’elle soit, Cornelia. Elle s’approche. Elle me reconnaît de loin. On force le pas tous les deux. J’affiche difficilement un sourire. Mais elle est gaie. Elle m’embrasse : « Tu vas comment ? Tu vas mal… Allons, calme-toi ! Tu sais qu’on va se marier ? »
- Qui ? Comment ? demande-je.
- Nous les deux.
Et Cornelia commence à me dire que l’un des motifs pour lesquels elle est allée à Paris a été celui de convaincre son frère, donc sa famille, à consentir ce mariage. « Je n’ai pas réussi ça. Chaque fois que je lui rappelais ce problème il me conseillait de suivre mes études, me disait de l’examen de physiologie et histologie… plus de physiologie, moins de blagues… Ce sont même ses paroles… Main nous allons nous marier, dès qu’on revient dans notre pays, ou quand tu veux. »
- Pourquoi as-tu tellement retardé ? Tu m’as écrit qu’au début de septembre tu étais à Vienne… demande-je.
- Ne te fâche pas, répond Cornelia, le motif du retard est très mesquin si tu veux, mais que faire ? La couturière ne finissait plus mes robes commandées... Elle me mentait d’un jour à l’autre. Ne te fâche pas ! D’ailleurs, j’étais sûre que tu viendrais à Vienne seulement au début des inscriptions aux études ! Les inscriptions commencent aujourd’hui. Depuis quand es-tu à Vienne ?
- Dès le début du septembre !... As-tu reçu mes télégrammes ?
- M’as-tu télégraphié ? fait Cornelia surprise ; A l’office m’a dit tout le temps que les liaisons postales n’ont pas recommencé. Pendant les deux dernières semaines je n’y ai pas passé… Calme-toi maintenant, s’il te plaît !
Tu ne comprends pas ?
Je suis arrivée.
Ne te réjouis-tu pas ?
Je suis là. (Text tradus de Teodora Mîndru, locul al II-lea la etapa națională a Concursulul „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor !”)
Aux lecteurs

Ma maison est là. Au-delà, le soleil et le jardin aux ruches.
Vous passez sur le chemin, regardez par les barreaux de la porte
Et attendez que je parle. – D’où commence-je ?
Croyez-moi, croyez-moi,
on peut parler sur n’importe quoi :
sur le destin et sur le serpent du bien,
sur les archanges qui labourent avec les charrues
les jardins de l’homme,
sur le ciel vers lequel on grandit,
sur la haine et sur la chute, sur la tristesse et sur les crucifixions
et avant de toutes sur le grand passage.
Mais les mots sont les larmes de ceux qui auraient voulu
tellement pleurer et ne l’ont pas pu.
Très amers sont tous les mots.
C’est pourquoi – laissez-moi
aller sans parole parmi vous,
vous accueillir dans votre chemin, les yeux fermés.
(Text tradus de Andrei -Șerban Tompea, locul al III-lea la etapa județeană a Concursulul „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor !”)

Les souvenirs grandissent

Au crépuscule, il y a beaucoup d’années de lors,
j’ai persévéramment gravé mon nom
dans l’écorce d’un arbre,
aux petites lettres, gauchères et minces.
Aujourd’hui j’ai vu au hasard
comme les lettres sont devenues géantes.
et toi, ma fille, tu coupes de même ton nom,
finement, comme un gamin
dans mon cœur servile
et après des années,
beaucoup d’années après, tu le trouveras
aux profondes lettres, gigantesques.
(Text tradus de Andrei -Șerban Tompea, locul al III-lea la etapa județeană a Concursulul „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor !”)


Sur beaucoup de voies


Sur beaucoup de voies, ma pensée tente
vers toi, sur beaucoup de voies. Oh, ce soir là,
où de brumes hâtives tombèrent !
Dans mon jardin les fleurs
languissent après d’autres hautes clairières
et invoquent encore
ta lumière sans nom.
Où dors-tu aujourd’hui – je ne le sais pas. Aucune chanson
ne te trouve pas. Aujourd’hui
tu es où tu es. Moi, ici. La distance
a mis entre nous la grande ourse du ciel,
les eaux dans les vallées, le feu sur les collines dans la nuit,
et sur la terre elle a mis des anémones et des passions
auxquelles le jour ne leur va.
Comme une porte elle s’est fermée. Aucun signe ne perce pas
les grands espaces d’entre nous, les grands espaces qui nous séparent.
(Text tradus de Andrei -Șerban Tompea, locul al III-lea la etapa județeană a Concursulul „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor !”)

Maisons roumaines

Les chemins transylvains traversent des villages, où on trouve, dans le voisinage immédiat, deux conceptions architectoniques tout à fait différentes: roumaine et saxonne. Les anciens et les solides villages des Saxons de la Transylvanie ont bien étudié - au moins ainsi paraît-il – la place où ils avaient être bâtis. C’est la manière de s’aligner, conformément aux exigences géométriques; on y remarque l’impression de calcul. Les villages roumains sont situés accidentellement dans les paysages qui les encadrent. Les Saxons de la Transylvanie, de vieux colons, peuple d’une volonté téméraire, constante et lente, ils ont raisonnement choisi la terre où ils avaient bâti leurs maisons et où ils ont creusé leurs tombeaux: ils ont précautionneusement goûté l’eau, ils ont apprécié la lumière et ont soigneusement mesuré la grosseur de la terre graisse, ils ont évité les hauteurs accidentées et ont essayé des narines la direction des vents.
Cet arrangement délibéré, les villages saxons l’ont gardé jusqu’à nos jours. Ils n’ont pas accidentellement augmenté du paysage, d’un enthousiasme maladroit, tels que ceux roumains ; ils ont été apportés, paraît-il, bien finis dans ce paysage transylvain ; d’autre part – par air ou par autre moyen, d’un pays où la pauvreté du sol a enseigné les gens à lutter contre la nature, travailler sagement et notamment avec une géométrie constante. Les villages roumains élevés vertigineusement sur une crête ou répandus dans une vallée comme les troupeaux, sont nés, paraît-il, de l’inspiration capricieuse de la nature même, au milieu de laquelle ils sont situés. Les maisons des Saxons de la Transylvanie se trouvent l’une à côté l’autre, en formant un seul grand mur vers la rue, sévère, avec des hautes fenêtres, ne permettant pas l’accès aux regards du dehors, ayant conventionnellement sur leur frontispice une maxime biblique; la commune des saxons de la Transylvanie est une collectivité rationnelle de gens fermés, chacun affichant sur son front l’impératif catégorique. Les maisons roumaines sont plus librement situées dans l’ensemble, elles s’isolent par des jardins, elles ont des vérandas autours et de petites fenêtres tellement baisses qu’on peut voir dedans le tout, les maisons forment des groupes asymétriques comme les paysans vont en désordre à l’enterrement ou à une noce: la commune roumaine est une collectivité instinctive de gens ouverts, aimant le pittoresque de la vie.
Les maisons des Saxons de la Transylvanie, quoique riches, se limitent à être utiles; les maisons roumaines, quoique pauvres en majorité, ont beaucoup d’inutilité dans leur composition, la prouve étant la véranda en piliers qui l’entoure d’habitude. Cette chose inutile des maisons roumaines trahit un sens artistique presque absent à la maison saxonne, fondée plutôt sur une conception éthique qu’esthétique concernant les sens de la vie.
Les Saxons de la Transylvanie sont des ingénieurs innés, imposant à la nature l’ordre de leur âme: ils alignent leurs maisons, comme les idées, en lutte contre les mystères qui nous entourent. Le Roumain est fataliste dans une mesure importante, mais un fataliste maîtrisé par confiance au rapport avec l’imprévisibilité du temps et avec les ordres du monde environnante.
Le Roumain n’essayera ni échanger le cours des choses, ni modifier la configuration de la terre, il bâtit par conséquence sa maison „au dos du Dieu” en sachant peut-être que le Dieu a aussi des yeux au dos. Les ruelles d’un village de montagne se perdent en serpentant parmi des rochers, comme les ruisseaux. Les ruelles préfèrent contourner les rochers, au lieu de les percer. Est-ce que c’est du fatalisme serein ou de l’amour invincible de pittoresque qui intervient là?
Certainement, après l’ordre saxon, les caprices du Roumain frappent comme un désordre. Mais ce désordre n’est qu’un autre ordre: l’ordre de la vie. Le Roumain aussi aime la géométrie, mais seulement dans son art de sculpter une croix, de ciseler une fourche, de rendre rond une cruche, ou bien quand il stylise des fleurs sur les tapis pour leurs bancs rudimentaires. Pour la vie saxonne, la géométrie est essentielle, pour le Roumain elle est une ornementation périphérique.
On entrevoit sur la maison roumaine des éléments latents d’un prochain style architectonique de grande ligne. Bien sur que dans l’architecture de ville, ce style n’a que des réussites vagues et approximatives. Il y a quelques bâtiments urbains qui veulent être „roumains”, mais seulement le décore y est roumain, et l’essentiel architectonique en est trop peu. Les boîtes d’allumettes ne deviennent pas roumaines en les appliquant une „bordure” de jupe paysanne.
Pourquoi n’a-t-il pas réussi ce style jusqu’à nos jours?
C’est peut-être la même cause qui a fait échouer la réalisation d’un grand style aux autres peuples aussi à partir de la mort du rococo jusqu’à nos jours. On croit que c’est la cause de la structure spirituelle même de l’époque.
Dans cette époque l’homme a transformé son âme en miroir, à vrai dire il l’a nié. Pendant cette époque l’homme a perdu son hardiesse constructive. Pendant cette époque l’homme est devenu le singe de la nature, en plusieurs sens.
De 1850 à 1900, c’est l’époque du naturalisme et de l’impressionisme, donc de l’imitation de la nature en art, à l’horreur de la création, de la passivité spirituelle. Cette époque sans élan constructif, la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, a été fatale notamment à l’architecture, un art éminemment constructif. Evidemment, l’époque a beaucoup bâti, parce qu’elle a été riche, mais elle a eu trop peu d’esprit constructif pour pouvoir représenter un style.
(Text tradus de prof. Doina Dobreanu, locul al III-lea la etapa naținală -2010 a Concursulul „Laudă semințelor, celor de față și-n veci tuturor !”)

Colectivul de redație
Cosmina Olteanu, Teodora Mîndru, Andrei-Șerban Tompea

Editor și coordonator: professor Doina Dobreanu

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